Différents essais conduits sur la bromélaïne, un ingrédient actif de l’ananas, ont permis de souligner ses nombreuses actions, notamment sur les hématomes, les ecchymoses et les blessures sportives ou, après une opération chirurgicale.
D’abord isolée en 1891, puis introduite en 1957 en tant que supplément thérapeutique, la bromélaïne se distingue par sa propriété à digérer les protéines. Les recherches sur cet ingrédient actif débutent en Asie, au Japon et à Hawaï, avant de prendre de l’intérêt en Europe. 40 ans plus tard la bromélaïne devient la 13e substance végétale la plus vendue en Allemagne.
Différents essais cliniques ont été menés sur des personnes ayant subi des blessures musculaires ou des opérations chirurgicales pour définir les effets de la bromélaïne.
BLESSURES MUSCULAIRES
Le traitement et la réadaptation des blessures musculaires se traduisent d’abord par une phase inflammatoire aiguë requérant naturellement du repos. Généralement, cette phase s’assortit d’un traitement reposant sur la cryothérapie, la compression par bande élastique et l’élévation du membre blessé, ainsi que la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Or l’utilisation prolongée (au-delà de 4 jours) des AINS perturberait, d’après une étude réalisée auprès d’animaux, le processus de guérison. Pendant la phase de réparation, qui dure entre 1 et 12 semaines, suivant la gravité de la blessure, a été suggérée un traitement par ultrasons, mais son efficacité n’a pu être démontrée.
Le premier essai a concerné 74 boxeurs souffrant d’ecchymoses et d’hématomes. La bromélaïne a été administrée 4 fois par jour pendant 4 jours. 58 d’entre eux ont vu leurs ecchymoses totalement disparaître, tandis que les 16 autres ont dû attendre entre 8 à 10 jours pour guérir complètement. En parallèle, sur le groupe témoin, composé de 72 boxeurs ayant reçu le placebo, seules 10 personnes ont guéri en 4 jours, contre 7 à 14 jours pour les autres.
D’autres études ont souligné l’efficacité d’une combinaison d’enzymes protéolytiques. Par exemple, une étude en double aveugle, concernant 44 personnes souffrant d’une blessure à la cheville, a permis de constater une guérison plus rapide. Il en fut de même pour trois autres études, menées en double aveugle sur 80 athlètes, dont les ecchymoses ou autres blessures sportives ont été plus rapidement résorbées à l’aide d’un traitement d’enzymes protéolytiques.
Par ailleurs, 100 personnes ont reçu, dans le cadre d’un essai, une injection de leur propre sang pour simuler des ecchymoses pour recevoir ensuite une combinaison d’enzymes protéolytiques, ce qui a conduit à observer une accélération de la récupération. Le même constat a été observé après un essai en double aveugle, contrôlé par placebo, pour 71 personnes ayant eu une fracture des doigts.
OPÉRATIONS CHIRURGICALES
Des hématomes peuvent survenir à la suite d’une opération chirurgicale. Ils sont même plutôt habituels et d’une intensité variable suivant la nature de l’opération. Généralement, à moins d’une complication, ils disparaissent après quelques semaines.
Différentes études ont été menées pour tester les effets de la bromélaïne sur le temps de récupération postopératoire. Dans l’ensemble, parmi les effets observés, il est à noter une réduction des hématomes, un soulagement de la douleur, une diminution de l’inflammation et une accélération de la cicatrisation.
Dans le cadre d’une étude en double aveugle, 160 femmes ayant subi une épisiotomie lors d’un accouchement ont reçu 40 mg de bromélaïne 4 fois par jour pendant les trois jours suivant l’accouchement. Si 90 % des femmes ont été soulagées de leurs douleurs (contre 44 % dans le groupe placebo), il n’en a pas été de même pour une étude similaire engagée sur une population de 158 femmes, qui n’a trouvé aucun effet bénéfique.
De leur côté, 95 patients souffrant d’une cataracte ont également reçu, au titre d’un essai en double aveugle, 40 mg de bromélaïne quatre fois par jour pendant deux jours avant leur opération, puis au cours des cinq jours suivants. Ce traitement s’est traduit par une diminution plus importante de l’inflammation que dans le groupe placebo.
Un essai a été mené en double aveugle pour 80 personnes ayant subi une chirurgie du genou. Après avoir pris un traitement à base d’enzymes protéolytiques, il s’est avéré que le temps de récupération s’est vu nettement amélioré.
Celui qui fut réalisé sur 80 personnes après une chirurgie orale a montré, à partir d’un traitement d’enzymes protéolytiques mixtes, une réduction de la douleur, de l’inflammation et de l’enflure par rapport au groupe placebo.
Ces mêmes effets bénéfiques ont été soulignés lors d’études concernant des personnes ayant subi diverses opérations (dentaire, nasale, pieds…). Ainsi, la bromélaïne réduirait l’inflammation et la douleur après une chirurgie nasale, en cas de cataracte ou une chirurgie du pied. Par exemple, la douleur postopératoire et le gonflement résultant d’une extraction chirurgicale des troisièmes molaires ont été nettement diminués lors d’un essai en double aveugle, contrôlé par placebo, auprès de 24 personnes. En revanche, cette démarche fut totalement inefficace pour 154 personnes ayant reçu un traitement à la suite d’une opération de chirurgie plastique faciale.
Sources :
1- Bronstein J.L., Control off swelling in boxing injuries, Practitioner, 1960; 185: 78.
2- Zatuchi G.I. et al., Bromelains therapy for the prevention of episiotomy paine, Obstet Gynecol. 1967 ; 29: 275-278.
3- Howat R.C. et al., The effect of bromelain therapy on episiotomy wounds – a double-blind controlled clinical trial, J. Obstet. Gynaecol. Br. Commonw., 1972; 79: 951-953.
4- Shaw PC. The use of a trypsin-chymotrypsin formulation in fractures of the hand. Br J Clin Pract. 1969;23:25-26.
5- Walker A.F. et al., Bromelain reduces mild acute knee pain and improves well-being in a dose-dependant fashion in an open study of otherwise healthy adults, Phytomedicine, 2002 Dec; 9(8): 681-6. Tilwe G.H. et al., Efficacy and tolerability of oral enzyme therapy as compared to diclofenac in active osteoarthrosis of knee joint: an open randomized controlled clinical trial, J. Assoc. Physicians India, 2001 Jun; 49: 617-21.